L'une des réalisation non négligeables du CIEEG en matière de diffusion de la recherche est la publication aux Éditions de l'Institut du Tout-Monde en 2022, de l'une des thèses monographiques consacrées à Édouard Glissant les plus remarquées de ces dernières années : Géraldine Banaré, Édouard Glissant et la poétique des arts, somme de référence désormais à propos du lien étroit entre Glissant et les arts plastiques.
Cette thèse été publiée au sein de la collection « Recherche » des Éditions de l'Institut du Tout-Monde, directement liée au CIEEG pour tout ce qui est des approches critiques concernant l'œuvre d'Édouard Glissant.
Les actes du colloque ont été édités dans la collection « Recherche » des Éditions de l'Institut du Tout-Monde en 2020.
© Photo Daniel Mordzinski, 1993 Carrefour des littératures européennes, Strasbourg, Parlement international des écrivains / Maquette manuscrite de la couverture du Discours antillais réalisée par Édouard Glissant. © BnF
Ces trois sessions seront également accompagnées de toute une série d'événements internationaux (Londres, Rio de Janeiro, Berlin, Stanford) qui seront annoncés progressivement, et auxquels sera lié le CIEEG de l'Institut du Tout-Monde.
Premier de ces événements auquel s'associe le CIEEG, dans le sillage de ce premier colloque : la tenue le 5 juin 2019 à l'Université de Londres, University College London (UCL) d'une journée d'études qui, tout comme notre colloque sur Le Discours antillais, sera consacrée à la portée interdisciplinaire de l'œuvre d'Édouard Glissant : « Space in Relation - Édouard Glissant in architecture and urban studies ». Cette journée d'étude sera l'occasion d'examiner la portée « urbanistique » de la pensée de Glissant, qui a développé au gré de ses écrits un regard tout particulier sur la ville et l'espace urbain qui s'avère être une ressource précieuse pour les architectes et les urbanistes.
Édouard Glissant à l'Institut martiniquais d'études (Fort-de-France), à
l'époque de l'écriture du Discours antillais © Coll. privée, tous droits réservés
Le comité scientifique et organisateur : Dominique Aurélia - Hugues Azérad - Loïc Céry - Jean-Pierre Dozon - Sylvie Glissant - Raphaël Lauro -
Corinne Mencé-Caster - Jean-Pierre Sainton - François Vitrani
C'est à ce mouvement que s'est identifiée cette pensée, tout au long des développements souvent imprévisibles de l'œuvre. Comment comprendre par exemple, au gré de ce mouvement, ce moment de l'« antillanité », au regard de la créolisation portée avec davantage d'intensité au tournant des années quatre-vingt-dix ? C'est l'une des nombreuses questions qu'engagent les nécessaires relectures du Discours antillais, que le colloque s'efforcera de susciter, selon plusieurs axes :
- Méthodes et regard critique : Comment appréhender aujourd'hui l'énonciation même du Discours antillais, de la pratique revendiquée d'une pluridisciplinarité ouverte à celle d'une transversalité active (en particulier le dialogue des sciences humaines avec le champ littéraire) ? Comment envisager aujourd'hui cette démarche qui mêle sociologie, anthropologie, psychologie et discours littéraire ? On envisagera dans cette optique tant les fondements des méthodes croisées dont Édouard Glissant fait usage que leur devenir dans l'œuvre. À la faveur d'une démarche comparatiste, on mettra aussi en lumière les liens du Discours avec le contexte intellectuel de sa publication.
- Antillanité et créolisation : On a souvent insisté sur la notion d'antillanité dans l'essai de 1981. Cependant, comment envisager l'articulation d'une quête identitaire avec le processus de créolisation, nécessairement en devenir et déjouant l'ancrage ? Le Discours antillais marque-t-il de ce point de vue un moment de nature à être dépassé, ou fonde-t-il le contre-modèle initial du tout-monde ? En envisageant le devenir de la pensée glissantienne, on réexaminera la place du Discours.
- L'énoncé d'une poétique, l'intention d'une politique : Le Discours antillais fait émerger une parole hors champ. Il articule une parole-paysage nouée aux enjeux d'une conscience politique nouvelle, que nous entendons aujourd'hui. Il s'agira par nos travaux de rendre vivante cette double présence.
- Le Discours antillais dans l'œuvre : L'essai marque l'un des sommets de la réflexion théorique, chez un écrivain qui toujours a avoué sa prédilection pour le dialogue entre les genres littéraires, et chez qui la jonction entre pensée et création est cruciale. Comment envisager dès lors l'insertion du Discours et de sa matière dans les romans, la poésie et le théâtre ? Comment articuler le contenu idéologique du Discours avec le reste de l'œuvre sans procéder à des complexifications artificielles ?
De manière générale, on se gardera d'envisager Le Discours antillais séparément du reste de l'œuvre d'Édouard Glissant, qu'il s'agisse des développements spéculatifs ultérieurs ou d'une vision du monde au sens large qui n'a cessé de ménager d'intenses et nombreuses ramifications. Il sera question de proposer une relecture de l'essai dans l'assise de l'œuvre laissée par l'écrivain, et d'en interroger la pertinence en regard du monde actuel.
La fortune critique qu'a connu et que connaît encore Le Discours antillais quant à la réception de l'œuvre conceptuelle d'Édouard Glissant doit certainement beaucoup à l'allure exhaustive de l'étude, tout entière placée dans son inspiration comme dans son ambition intellectuelle, sous l'épigraphe de Frantz Fanon : « une tâche colossale que l'inventaire du réel ». Or, c'est aussi cet aspect qui a étonné lors de la publication de l'ouvrage en 1981 au Seuil : il faut croire que cette ambition d'embrasser le réel de la société antillaise a également dérouté quant à la liberté de sa méthode, cette « hardiesse méthodologique » dont se revendique alors celui qui a déjà une œuvre littéraire derrière lui. Ce double effet dit en lui-même une fascination et un étonnement qui n'a pas cessé depuis la publication, dépassant les classifications. Ce paradoxe d'une réception critique dit certainement aussi la difficulté à percevoir correctement la place de l'ouvrage dans la réflexion d'Édouard Glissant, dont on a pu constater ultérieurement qu'elle ne pouvait s'apprécier qu'au gré du paradigme du mouvement.
Exposition, durant le colloque de Paris : « Le Discours antillais d’Édouard Glissant : traces et paysages » Paris, FMSH, du 23 avril au 10 mai. Exposition conçue par Ruedi Baur. Une création graphique autour du Discours antillais d'Édouard Glissant. L'exposition sera également présentée lors de la session antillaise du colloque, en novembre 2019.
- INSTITUTIONS ORGANISATRICES : Centre international d'études Édouard Glissant de l'Institut du Tout-Monde ; Université de Cambridge (Magdalene College) ; Université des Antilles, pôles Martinique et Guadeloupe.
- INSTITUTIONS PARTENAIRES : Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH) ; Maison de l'Amérique latine ; Université Paris III Sorbonne Nouvelle ; Institut national d'histoire de l'art (INHA) ; Society for french Studies.
Le tout premier colloque international mené par le Centre d'études Édouard Glissant sera consacré à l'essai à ce jour le plus lu, le plus traduit et le plus étudié par le monde au sein de l'œuvre conceptuelle d'Édouard Glissant : Le Discours antillais paru au Seuil en 1981. Il s'agira d'un colloque en trois sessions menées à Paris, Cambridge, Fort-de-France, Pointe à Pitre, Stanford, dessinant un rhizome international de lecture glissantienne.